Petite revue mensuelle des livres du moment ( ou pas ) que j’ai lu et ai aimé ( ou pas ! ) !

Les revenants – David Thomson

Ils étaient partis faire le jihad, ils sont de retour en France…

Bon ok, je vous l’accorde vu comme ça je n’ai pas forcément la tête de la fille qui lit des bouquins sur le jihad, mais pour être honnête c’est l’un des meilleurs livres qu’il m’a été donné de lire ces derniers mois. Je l’ai dévoré en une semaine. Une semaine durant laquelle j’ai été captivée par ces quatre histoires, toutes différentes, de jeunes français partis faire le jihad en Syrie et revenus en France, déçus ou dégoûtés mais pas forcément repentis. Ce livre raconte leur  histoire (vraie) : leur départ en Syrie, la vie là-bas au sein de l’Etat Islamique ou Al-Qaïda et le retour en France :  en liberté conditionnelle ou en prison. Ce livre n’est pas politique, il relate seulement les faits, tels qu’ils ont été racontés par les protagonistes au journaliste David Thomson. A lire absolument pour mieux comprendre concrètement le jihadisme !

Le livre a reçu le prix Albert-Londres en 2017


L’instant de grâce – Yves Viollier

Dans un style tout aussi différent j’ai adoré « L’instant de grâce« . Ce livre raconte l’histoire de deux hommes dont les destins se croisent pendant la guerre de Vendée (1793 – 1796 ) : le Général Bonchamps chez les blancs et David d’Angers, futur grand sculpteur, chez les bleus. Au moment des faits le général Bonchamps impose le respect chez les blancs (les Vendéens donc) et mène les batailles, David lui n’est encore qu’un enfant de 5 ans qui suit son père à la guerre. Le récit s’articule autour de la vie de l’un et les souvenirs de l’autre jusqu’à ce qu’arrive le fameux « instant de grâce » qui les réunis.

Le roman est inspiré de faits réels et tire son titre de la statue du général Bonchamps graciant les prisonniers,  visible au musée d’Angers.


Perline, Clémence, Lucie et les autres – Jeanne-Marie Sauvage

Des vies de femmes dans la grande guerre

Ce roman commence dans la campagne française pendant l’été 1914, juste avant l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à Sarajevo, juste avant le début de la première guerre mondiale. On suit le destin de ces femmes de paysans habituées au travaux des champs et aux retrouvailles au lavoir qui, au départ des hommes pour la guerre vont devoir prendre leur place. Plusieurs femmes, plusieurs destins mais un seul but, se battre pour trouver leur place dans une société en pleine mutation.

J’ai totalement adoré ce livre qui contrairement à ce que j’imaginais au départ ne parle pas vraiment de la guerre. Finalement la période « les hommes au front » n’occupe qu’un tiers du roman, le reste est consacré à leur retour, les difficultés pour les familles à reprendre une vie normale, les villages endeuillés, le manque de mains d’oeuvre et la lutte de l’héroïne, Perline, pour se construire seule dans une société qui n’accepte que très mal l’ambition féminine. Une période de l’histoire traitée sous un angle que l’on ne croise pas tant que ça en littérature et qui vaut donc le coup d’être ouvert ( et lu jusqu’à la fin !)

Le livre à reçu le prix du jury Femme Actuelle en 2014.

 L’adversaire – Emmanuel Carrère

S’il y a d’autres adeptes des mercredis soirs passés devant la télé à regarder « Enquêtes criminelles » alors vous allez adorer ce livre qui retrace l’histoire – vraie mais terrible – de Jean-Claude Romand. Si le nom ne vous dit rien l’histoire vous parlera peut-être plus. Jean-Claude Romand c’est cet homme qui jeune adulte rate son concours de médecine, enfin ne s’y présente même pas en fait. Ce qui en soit n’est pas totalement une catastrophe, là où les choses se gâtent c’est quand il décide de n’en rien dire à son entourage… commencent alors des années de mensonge ou le jeune homme, puis l’homme s’invente une vie d’étudiant en médecine, puis de médecin à l’OMS, alimentant son train de vie en arnaquant ses proches. Des années de mensonges sans que personne ne soupçonne quoi que ce soit jusqu’au jour où l’on retrouve la maison de sa famille en feu, les corps de ses deux enfants et de sa femme mort, et lui, dans le coma.

L’écrivain retrace la vie de cette homme, sans jugement, il essaie finalement de comprendre comment, pourquoi ? Emmanuel Carrère aura l’occasion d’approcher le meurtrier et d’entretenir une correspondance épistolaire avec lui avant et pendant son procès, c’est ce qui lui permet de traiter le sujet avec beaucoup de finesse et d’humanité ( trop lui reprocheront certains critiques littéraire ! ). Quoi qu’il en soit le témoignage est poignant et ne donne vraiment, mais vraiment pas envie de s’inventer une vie !

« Je suis entré en relation avec lui, j’ai assisté à son procès. j’ai essayé de raconter précisément, jour après jour, cette vie de solitude, d’imposture et d’absence. D’imaginer ce qui tournait dans sa tête au long des heures vides, sans projet ni témoin, qu’il était supposé passer à son travail et passait en réalité sur des parkings d’autoroute ou dans les forêts du Jura. De comprendre, enfin, ce qui dans une expérience humaine aussi extrême m’a touché de si près et touche, je crois, chacun d’entre nous. »


Un certain sourire – Françoise Sagan

Parfois il y a des livres que je n’aurais jamais pensé lire, puis on me les prête et je me surprends à les aimer. C’est le cas de celui-ci, pourtant très éloigné de ce que je lis habituellement. Le récit est rapide et le livre court – idéal pour un trajet en train par exemple – et raconte l’histoire d’amour entre une étudiante désabusée qui rêve de s’évader de son quotidien et d’un homme plus âgée mais pas moins désabusé qui partage grosso merdo la même ambition. Ces deux personnes vont donc lier une relation sans avenir le temps d’une parenthèse estivale. C’est à peu près l’intrigue. Disons que l’on ne lit pas Françoise Sagan pour les rebondissements et l’action soutenue du roman mais plus pour ses pensées métaphysiques sur la vie, l’amour et l’adolescence. ( A ce niveau on est servi ! )

« Je mentais. J’aurais voulu lui dire que je mentais et qu’à la vérité j’avais besoin de lui, mais tout cela, dès que j’étais à son côté, me semblait irréel. Il n’y avait rien; il n’y avait rien eu que quinze jours agréables, des imaginations, des regrets. Pourquoi être ainsi déchirée? Douloureux mystère de l’amour, pensais-je avec dérision.

En fait je m’en voulais, car je me savais assez forte, assez libre, assez douée pour avoir un amour heureux. »


Le pavillon des enfants fous – Valérie Valère

Ma petite sœur m’avait conseillé de ne pas parler de ce livre ici, parce que bon ça plus ça plus ça on pourrait être tenté de s’interroger sur ma santé mentale : l’histoire de la fille qui ne lit que des livres sur le terrorisme, la guerre, les crimes et la dépression… mais à part ça tout va très bien hein ! Mais je vais quand même en parler ! #espritdecontradiction

Le pavillon des enfants fous c’est le récit poignant des mois d’hospitalisation pour anorexie de l’auteure. Ecrit deux ans après sa sortie ce livre n’est qu’un cri. La chronologie est un peu décousue et le style un peu perturbant, autant dire que si vous cherchez à mieux comprendre cette maladie je vous conseille de commencer par quelque chose de plus soft car la lecture de ce livre est quand même franchement violente. Evidemment parce que je suis passé par là cela me parle, l’hôpital, la souffrance, le poids qu’il faut prendre alors qu’on ne veut pas, cette lutte contre soi, mais ici le sujet est traité avec une telle colère que objectivement il vaut mieux avoir les épaules pour se lancer dans le truc. Cependant pondre un tel truc à 15 ans reste un exploit littéraire qui vaut le coup d’être lu, un jour où vous ne serez pas trop déprimé ( c’est mon conseil !)

« Moi. Moi, je me déteste pour ce que j’ai fait, pour ce que je fais, pour ce que je vais faire. La fille qui disait avec orgueil: « ils ne m’auront pas », cette fille a disparu entre leurs murs de saleté, je suis perdue, ils en ont fabriqué une autre, larve, serpillière, une autre comme ils la voulaient…« 

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